mardi 23 mai 2023

_Sommaire du blog par Région

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Téléphériques et train à crémaillère de Lourdes

Lorsque Berdadette Soubiron voit la Vierge pour la première fois le 11 février 1858, elle n'imagine surement pas qu'elle va durablement changer la vie des habitants de la région Lourdaise. Ces visions et la construction d’une basilique décidée par l’évêché de Tarbes, vont entraîner la venue de nombreux pèlerins à Lourdes. Avec l'arrivée du chemin de fer à Lourdes le 9 avril 1866, l'affluence des pèlerins et des touristes ne va pas cesser de croitre.

Lourdes va devenir le centre d'un réseau ferroviaire permettant de désenclaver les vallées Pyrénéennes. La voie ferrée reliant Lourdes à Pierrefitte par Argelès-Gazost est inaugurée en 1871. Si son but est essentiellement industriel puisqu'il s'agit de desservir la grande mine de Pierrefitte, elle permet également de développer le tourisme et le thermalisme.

C'est dans ce contexte que de nombreux projets, destinés à capter la manne financière apportée par les touristes dont le niveau de vie est élevé, souvent liés à la découverte des Pyrénées, vont voir le jour..

Lourdes vue du Béout

Le Pic du Jer

Le projet de relier Lourdes au sommet du Pic du Jer par un train à crémaillère est retenu. Son concepteur, l'ingénieur Chambrelent créé la Compagnie du Funiculaire du Pic du Jer et obtient en 1898 de la ville, une concession de 75 ans pour la partie haute du sommet et des terrains nécessaires aux travaux.

Gare de départ au sud de Lourdes
 

Les travaux commencent en août 1898. La gare de départ, située à l'altitude de 420 m, est construite à la sortie sud de la ville. Elle est reliée au centre de Lourdes par un tramway. Un téléphérique provisoire est construit pour faciliter la construction de la voie ferrée et de la gare d'arrivée en parallèle. A la fin des travaux, il sera démonté.

Gare d'Arrivée

 La longueur de la voie, unique, est de 1120 m. Elle passe à travers deux tunnels situés juste après le départ et juste avant l'arrivée. Vers la mi-parcours, un viaduc d'une longueur de 127 m permet le croisement du wagon montant et du wagon descendant. La pente moyenne est de 40% pour un dénivelé de 473 mètres. La capacité de chaque wagon est de 80 personnes.


Train à crémaillère au niveau du viaduc de croisement

La gare d'arrivée, située à l'altitude de 890 m, est construite sous le sommet situé lui à 951 m. Un sentier bien tracé permet d'y accéder et jouir d'une belle vue sur la chaine des Pyrénées.

Gare d'arrivée du train à Crémaillère

La proximité du gave et des centrales hydroélectrique de Lugagnan et de Vizens facilite l'alimentation électrique des deux wagons.

Les travaux se terminent en décembre 1899. Le funiculaire est  mis en service au mois de mai 1900 et inauguré le 17 juin. Il est alors le deuxième funiculaire électrique construit en France après celui des Mont-Dore en Auvergne.

En 1900, une grande croix en fer est ajoutée au sommet.

Le train entre en gare

 En 1935 la connexion au réseau de la microcentrale du moulin de Latour à Soum de Lanne apporte un supplément électrique au funiculaire.

Au début des années 50, la fréquentation annuelle moyenne est de 250 000 personnes. Elle descend ensuite à environ 120 000 personnes. La montée prend 12 minutes.

En 1954, le moteur Bell d'origine est remplacé par deux moteurs Alsthom de plus grande puissance pour le trajet et d'un second moins puissant pour faciliter les manœuvres de départ et d'arrivée. Les wagons ainsi que leur système de frein et d'entrainement sont rénovés.

En 1989, l'électricité est directement fournie par EDF.

A la fin de la concession donnée à la Compagnie du Funiculaire du Pic du Jer, Lourdes reprend les installations en régie municipale quelques années avant d'accorder en 1996 une nouvelle concession à Sopygest, une filiale de l'entreprise Transmontagne. 

A partir de 1995, les installations sont entièrement rénovées avec notamment l'installation d'un nouveau moteur Italien de la marque Sicme Motori et la rénovation des câbles. Les travaux vont durer deux ans. A l'issue de cette modernisation, la durée du trajet passe à 7 minutes.

Sommet du pic du Jer

Toutefois, avec le nombre de visiteurs en baisse, autour de 80000 par an, l'activité n'est plus rentable. La société est placée en liquidation judiciaire en 2007.

La municipalité de lourdes récupère les installations. La communication autour du site et les activités autour du restaurant et de la gare d'arrivée sont modernisées. Au sommet la table d'orientation Ledormeur est restaurée. Pour gérer les activités sportives, un sentier de randonneur et diverses pistes de VTT sont aménagés.

En 2019, les activités sont à nouveau offertes à concession. Le choix se porte sur la société EDEIS.

Il est possible de monter au pic du Jer à pied. Le sentier pour marcheurs, démarre juste à gauche de de la gare du funiculaire et rejoint la gare supérieure puis le sommet. Un bon sentier permet alors d'atteindre le sommet qui laisse une impression de vétusté.

Pic du Jer vu de la gare d'arrivée du téléphérique du Béout

Le Beout

Dès 1898, Monsieur Pèlerin conçoit le projet d'équiper le mont du Béout (792 m), situé juste au sud de Lourdes, d’un téléphérique. Les travaux, retardés notamment par les deux guerres mondiales débutent en 1930 et se terminent en 1944.

Le Béout et la gare d'arrivée du téléphérique vu du pic du Jer

La gare de départ se situe alors sur la route d'Argelès. La gare d'arrivée est implantée un peu plus bas et à l'est du sommet, à 719 m d'altitude. Elle offre un magnifique panorama sur la plaine de Tarbes, la vallée d'Argelès et les sommets des alentours. Divers sentiers permettent de se promener sur le versant sud de la montagne, pour par exemple, aller visiter un immense gouffre aménagé un peu plus bas ou rejoindre le sommet du Béout ou fut installé à l'époque, une immense étoile éclairée une partie de la nuit.

Gare d'arrivée du Béout en 2021

Le téléphérique, d'une seule portée et d'une longueur de 1314 m, était actionné par un petit moteur de 125 chevaux permettant aux deux cabines de 40 places chacune de faire l'ascension en 6 minutes environ. Les cabines sont changées en 1951, les moteurs en 1960.  Le téléphérique va fonctionner jusque dans les années 1990. Les normes de sécurité rendant le coût de mise aux normes trop élevés, l'activité cesse. Les téléphérique et les câbles sont démontés en 2000. Dès lors, la gare d'arrivée, livrée au vent et aux dégradations humaines, va servir d'abris aux moutons…

Arrivée du téléphérique du Béout

Le massif offre diverses possibilités de courtes randonnées Il est possible d'effectuer  une boucle à partir du village d'Ossen au sud bien que les possibilités de garer une voiture soient limitées. Du village, prendre le sentier menant à la croix de Hausat puis celui permettant de monter à l'ancienne gare d'arrivée du téléphérique et rejoindre ensuite le sommet. Continuer par la crête en direction du  Turoun d'Esplat puis rejoindre le GR101 au bord du gave de Pau qui ramène à Ossen.

Gare d'arrivée du téléphérique du Béout

 

Le Pibeste

Le pic du Pibeste est une montagne située au sud du Béout, entre les villages d'Ouzous au sud de la montagne et Ossen au nord. Son sommet est situé à une altitude de 1349 m. La vue sur toute la région et les chaine frontière y est remarquable.

Argelès-Gazost vu du Pibeste

Le 20 septembre 1912, Jules Peyrafitte écrit au maire d’Agos, Mr Galau pour lui demander de lui louer le sommet du Pibeste. Il a l'idée de construire au sommet de la montagne, un hôtel relié à la ville d'Argelès par un téléphérique. Le projet n’aura pas de suite avec le déclanchement de la 1ere guerre mondiale.
20 ans plus tard, Armand Soubirous, médecin, peintre, Pyrénéiste et originaire d’une grande famille de Lourdes propose de créer une route carrossable à péage jusqu’au sommet du Pibeste. Le projet est également abandonné par manque de rentabilité.
Gare d'arrivée du téléphérique du Pibeste

En 1933, Armand Soubirous propose à nouveau de construire un téléphérique pour accéder au sommet. Sa proposition est accueillie favorablement. Il obtient de  la commune d'Agos-Vidalos un bail de 99 ans et crée la Société Anonyme Lourdaise du Téléphérique d’Agos-Pibeste, la SALTAP.

Dès lors, malgré quelques difficultés administratives, le sommet du Pibeste appartient en effet à plusieurs communes, qui mettront quelques années à se résoudre, les travaux peuvent commencer.

La gare inférieure est située sur la commune d'Argos-Vidalos, un peu au nord du village sur la D921, au-dessus de la base de loisir du Lac Vert et à proximité d'une carrière. Elle apporte l'électricité nécessaire au fonctionnement du téléphérique soit 15000 volts.

Le contrat de construction du téléphérique est attribué à la société Heckel de Sarrebruk pour  un coût de 1140000 F. Elle va construire un téléphérique à double voie avec un câble porteur réalisé par la société des Tréfileries et Câbleries de Bourg en Bresse. L'ensemble soutient les deux cabines qui fonctionnent en parallèle.

La gare supérieure, construite sur un escarpement rocheux est construite sur plusieurs étages contenant un bar restaurant, la machinerie, le logement du gérant et la station d'arrivée du téléphérique. Le bâtiment est couvert d'une terrasse agrémentée d'une petite tour à mâchicoulis.

Gare d'arrivée du téléphérique du Pibeste
Les travaux qui vont durer 11 mois. Le sommet est ouvert au public au début de mois de Septembre 1935. Chaque cabine, peinte en rouge, emporte 20 passagers. Le trajet est effectué en 8 minutes. L'exploitation fonctionne de Pâques au mois d'octobre.
En 1941, un sentier de promenade est créé autour de la gare d'arrivée par les chantiers de la jeunesse. En 1946 l'aller-retour en téléphérique coute 20 Francs.
Terrasse panoramique du Pibeste

Le téléphérique fut exploité de 1934 à 1969. Il cessa pour des raisons de cout de rénovation trop élevés.

Un  projet en réouverture fut étudié il y a quelques années. Evalué à 15 million d'€, il  prévoyait la réouverture au public avec la création d'un refuge et d'un bar-restaurant panoramique. Actuellement, il semble mort-né.

A noter, l'existence d'une brochette historique réalisée par Mr Henri Larricq et Jean-Pierre Ninin-Barus à disposition à la mairie d'Agos Vidalos.

Pibeste vu du pic du Jer


L'ascension du Pibeste est une randonnée à faire absolument dans le secteur d'Argelès-Gazost. Au départ de Ouzous (550 m), prendre le sentier découverte qui nous amène au travers d'un passage dans le belle forêt en 1 heure 30 à deux heures et somme. Il est également possible de partir d'Agos ou de Ségus côté nord. 

Pibeste vu du Béout

 

lundi 14 février 2022

Le dernier vol du F-ZBBU

La conception du Douglas DC-6 remonte à la deuxième Guerre mondiale, afin de répondre à une demande pour un avion de transport militarisé à long rayon d’action. Le prototype vola en février 1946. Bien que commandé par l'U.S. Army Air Forces, l'avion fut principalement utilisé en tant qu’avion de transport civil. A son entrée en service, en 1947, c’était un avion moderne avec une cabine pressurisée pouvant recevoir jusqu’à 68 passagers pour un équipage de trois ou quatre personnes. En 1949 apparut la version DC-6A destinée au transport de fret. Elle était plus longue que la précédente et dotée de moteurs Pratt & Whitney R-2800-CB17 Double Wasp plus puissants. Quelques-uns de ces avions furent convertis en transport de passager sous la référence DC-6C. Le DC-6B vola pour la première fois en janvier 1951. Il avait une capacité maximale de 110 passagers. Très rentable, il fut la variante la plus construit jusqu’en 1958. L’apparition du Boeing 707 rendit obsolète ce type d’avions qui constituèrent leurs carrières sous d’autres couleurs. Au total, un peu plus de 700 exemplaires furent construit.

Dérive du DC-6B détachée des restes de l'avion

Disponibles, fiables et peu chers à l’achat, certains d’entre eux vont connaitre une seconde vie et être transformés en bombardiers d’eau à partir des années 1970. En France, c’est la société UTA, aujourd’hui disparue, qui est chargée des opérations de transformation. Elle ajoute à l’avions un kit démontable, en position ventrale pouvant contenir jusqu’à 12 tonnes de produit retardant. Un système d’injection d’eau au décollage est également ajouté afin d’augmenter la puissance disponible au décollage.

Détails de la soute avec des traces du produit retardant

Après avoir loué un tel avion en 1977, la Sécurité Civile va en acheter 5 entre 1980 et 1990. Le premier acheté arrive en 1980. Il porte l’indicatif Pélican 63. Le suivant, Pélican 64, immatriculé F-ZBBU arrive à Marignane en mai 1982. Construit en 1955, l’avion va connaitre diverses affectations avant d’être transformé en bombardier d’eau en 1977.
Restes de la partie arrière du DC-6B

Le 19 juillet 1986, un incendie se déclenche dans le massif des Albères. Attisé par la Tramontane, il devient vite incontrôlable et finira par ravager 28000 hectares de la forêt sur les deux flancs du massif. En fin de matinée, Pélican 64 est appelé en renfort. Arrivé aux alentours du village de Cantallops, sur le versant sud du massif, l’avion s’engage à basse altitude pour effectuer un largage de produit retardant.  Plaqué au sol par des vents violents, l’appareil alourdi par ses 12 tonnes d’eau ne peut redresser et s’écrase au pied du pic Llobregat. Tous les membres de l’équipage, le pilote Jean-Pierre Savenet, le copilote Jacques Ogier et les mécaniciens navigants Jacques lebel et Roland Denard sont tués.

Partie arrière du DC-6B

Le 21 septembre 1986, une cérémonie en hommage aux victimes se déroule sur le lieu du drame. A cette occasion une stèle de marbre noire rappelant le sacrifice de l’équipage est scellée sur un rocher, face à la carcasse de l’avion.

Une des deux stèles rappelant l'accident et le sacrifice de l'équipage
 

Il n’y aura plus de bombardier d’eau Douglas DC-6B en France à partir de 1990. Ce type d’avion sera remplacé par une version adaptée du célèbre Lockheed C-130 Hercules qui connaitra également un accident dramatique en septembre 2000. Actuellement le segment de bombarder lourds est occupé par les 2 Dash 8Q-400 MR.

Débris d'un des 4 moteurs Pratt & Whitney
 

 

lundi 22 février 2021

Fortifications de Collioure

Collioure est un village réputé du Roussillon. Il est situé dans une région qui fut âprement convoitée au cours des siècles passés. De ce fait, de nombreux ouvrages défensifs, construits au fil du temps, sont encore présent dans la commune.

Il n’y a pas de traces des premières fortifications de la ville qui datent de l’époque Wisigoth. Un château est pourtant cité dès 673, preuve du rôle stratégique et commercial de la ville. Le château et la ville passent ensuite sous le contrôle des comtes du Roussillon qui fortifient la ville. 

Carte des fortifications

 A partir de 1172, Collioure appartient aux rois d’Aragon. Le château est entièrement reconstruit en 1207 et confié à l’ordre des Templiers puis à celui de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1312. Il est à nouveau reconstruit entre 1242 et 1280 et devient une résidence royale. Le Roussillon et Collioure vont ensuite appartenir aux rois de Majorque à partir de 1276. A cette époque est construite une tour de guet, sur l’emplacement du futur château de Saint-Elme. En 1343, le Roussillon passe sous domination espagnole.

Vue générale de Collioure avec le château Royal au premier plan

La ville est ensuite occupée brièvement par Louis XI entre 1475 et 1481. Elle est rebaptisée Saint-Michel. De nouvelles fortifications sont construites. La protection de la tour de garde est renforcée par la construction de remparts. Elle prend le nom de Saint-Elme. 

 

Le Château Royal

Le successeur de Louis XI, Charles VII rend le Roussillon à Ferdinand V. Son successeur, Charles Quint, renforce à nouveau les fortifications à partir de 1538. L’enceinte de la ville est modernisée et le château redevient une forteresse abritant une garnison.

Pour protéger l’accès à la ville, deux forts sont construits sur les hauteurs proches. Au nord, sur les hauteurs du pla de las Fourques, le fort Sainte-Thérèse. Un peu au sud, le fort de Saint-Elme, devenu obsolète face aux progrès de l’artillerie est reconstruit.

Château du Miradou et sur la colline au loin, le fort Saint-Elme

En 1642, les armées de Louis XIII débarquent sur la plage de l’Ouille. Elles prennent le fort Sainte-Thérèse puis le château Royal. La ville se rend. Le Roussillon et Collioure deviennent définitivement Français avec le traité des Pyrénées en 1659.

Fort Saint-Elme

Au 18eme siècle, les défenses de la ville sont à nouveau renforcées au. La protection du fort du Miradou est améliorée par la construction du fort Carré et du fort Rond entre 1725 et 1770. La redoute Carré est équipée de 13 canonnières et de 5 canons. Les murs sont percés de meurtrières pour des mousquets. La garnison loge sur place et possède son propre magasin et ces propres réserves d’eau. L’entrée est assurée par un pont levis. Le fort Rond appelé également fort de l’Etoile est construit dans le prolongement du fort Carré. Il comporte divers postes de tir et peut recevoir jusqu’à 7 canons. Les deux positions sont reliées au fort Miradou par un chemin couvert.

Le fort Carré

En 1793, la ville est occupée par les troupes espagnoles puis reprise en 1794 par le général Dugommier après des combats très durs. Pris sous les feux de l’armée française et endommagé, le fort St-Elme est rénové. Il est transformé en magasin militaire et prend le nom de Fort du Rocher.

Entrée du fort Carré

La redoute Dugommier est construite entre 1813 et 1834 pour protéger le fort de Saint-Elme des attaques terrestres. Initialement construite en terre, elle est reconstruite en maçonnerie entre 1848 et 1851.

Chemin couvert sous le fort carré
En 1865, l’apparition du canon à rayure révolutionne l’artillerie. Les canons deviennent plus puissants et plus précis. La guerre de 1870 contre la Prusse va démontrer La faiblesse des forteresses. Après la défaite qui fragilise la position française en Europe, il redevient nécessaire de protéger les frontières, notamment le Roussillon.
Fort Saint-Elme et redoute Dugommier

Le général Boulanger, alors ministre de la guerre, charge le général Henri Berge de créer un nouveau système défensif. Le général Séné de Rivières, nommé directeur du comité de fortification, lance dès 1874, un vaste programme construction de nouvelles fortifications. Leurs principales caractéristiques sont d’être semi-enterrées et recouverte d’une épaisse couche de terre. Elles se couvrent mutuellement et sont éloignées des sites à protéger grâce à l’augmentation de la portée des canons.

Casernement
Dans le Roussillon, le système défensif est réalisé entre 1883 et 1886. Il a pour objectif de protéger Port-Vendres dont le port est devenu militaire en 1846, l’usine de dynamite de Paulille, construite pendant la guerre contre la Prusse et la route et le chemin de fer reliant la France à l’Espagne. Diverses batteries d’artilleries sont construites au-dessus de Collioure. Elles sont reliées entre elles par la construction d’une route stratégique, dite « route des Crêtes » qui dessert également le fort Dugommier et Port-Vendres. 

Batterie d'artillerie de la Galline

La batterie d’artillerie de la Galline est située à une altitude de 500 m au-dessus du village de Cosprons et un peu au sud du col de la Serra. Elle contrôle la voie ferrée et la route reliant Banyuls à Port-Vendres. Son armement se compose de 4 canons. Sa garnison est de 70 hommes. La défense extérieure de la fortification est assurée par des bastionnets.

Entrée de la batterie de la Galline

Plus haut dans la montagne, sur l’arête de Madeloc et au sud du col de la Serra  se trouve la batterie de Taillefer qui contrôle la vallée de Ravaner. Plus petite que la batterie de la Galline, son armement est composé à sa construction de 2 pièces de 7 livres  modèle 1873 et de 2 pièces de 12 livres. A une centaine de mètres au sud-est, et plus bas, se trouve le casernement dit « de droite » ou de Taillefer.

Tour Madeloc vue de la batterie Taillefer
Plus au sud, la tour Madeloc est restaurée afin d’en faire un site de surveillance, A proximité, deux redoutes appelées Madeloc Nord et Madeloc Sud sont construites entre 1885 et 1886. L’armement de ces deux sites est de 8 pièces de 4 livres modèle 1858 de campagne. Environ 500 m au nord-est, et plus bas, se trouve le casernement du Centre sur la route des crêtes.


Batterie des 500

La batterie des 500, quant à elle, est située un peu plus au sud, et au-dessus du col des Gascons à une altitude d’environ 500 m. Elle contrôle le col de Banyuls. Elle est construite entre 1885 et 1886 à flanc de montagne et sur une zone assez tourmentée. Elle abrite 2 pièces d’artillerie de 7 livres et 1 pièce de 12 livres. Sa défense est assurée par une escarpe demi-détachée et de deux bastionnées. A l’intérieur, divers bâtiment pour le logement de la troupe et le magasin de poudre. A 300 m au NNO se trouvée le casernement de Gauche.

Situés au sud du col des gascons sont construits en 1888 l’épaulement des Gascons Nord et des Gascons Sud. Ils sont armés de 5 pièces d’artilleries de campagne.

Dès 1884, l’apparition de l’obus à mélinite et de l’obus torpille rendent ces fortifications obsolètes et vulnérables. Elles vont être peu à peu abandonnées. La génération de fortification suivante sera bétonnée et enterrées.

Le château Royal est rayé du tableau des places de guerre en 1922 et classé au titre des monuments historiques la même année. Il est transformé en prison en mars 1939 pour servir de camp disciplinaire aux réfugiés Républicains de la Retirada. A Collioure, d’autres bâtiments comme le bâtiment de l’artillerie et les vestiges des remparts sont classés monuments historiques en 1927. Le fort du Miradou est toujours propriété de l’armée. Il abrite le Centre National d’Entrainement Commando.

Le fort St-Elme est démilitarisé en 1903. Il est classé monument historique en 1927. Il et ensuite restauré. De 1942 à 1944, il est occupé par le Kriegsmarine. Puis dynamité en partie à leur départ. Il est à nouveau restauré dans les années 1950 et en 2004.

Les autres forts sont laissés à l’abandon peu à peu. Les batteries des Gascons Nord et Sud sont détruits, peu de vestiges sont visibles. Également détruit en partie, le fort Dugommier est en cours de restauration.