lundi 22 février 2021

Fortifications de Collioure

Collioure est un village réputé du Roussillon. Il est situé dans une région qui fut âprement convoitée au cours des siècles passés. De ce fait, de nombreux ouvrages défensifs, construits au fil du temps, sont encore présent dans la commune.

Il n’y a pas de traces des premières fortifications de la ville qui datent de l’époque Wisigoth. Un château est pourtant cité dès 673, preuve du rôle stratégique et commercial de la ville. Le château et la ville passent ensuite sous le contrôle des comtes du Roussillon qui fortifient la ville. 

Carte des fortifications

 A partir de 1172, Collioure appartient aux rois d’Aragon. Le château est entièrement reconstruit en 1207 et confié à l’ordre des Templiers puis à celui de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1312. Il est à nouveau reconstruit entre 1242 et 1280 et devient une résidence royale. Le Roussillon et Collioure vont ensuite appartenir aux rois de Majorque à partir de 1276. A cette époque est construite une tour de guet, sur l’emplacement du futur château de Saint-Elme. En 1343, le Roussillon passe sous domination espagnole.

Vue générale de Collioure avec le château Royal au premier plan

La ville est ensuite occupée brièvement par Louis XI entre 1475 et 1481. Elle est rebaptisée Saint-Michel. De nouvelles fortifications sont construites. La protection de la tour de garde est renforcée par la construction de remparts. Elle prend le nom de Saint-Elme. 

 

Le Château Royal

Le successeur de Louis XI, Charles VII rend le Roussillon à Ferdinand V. Son successeur, Charles Quint, renforce à nouveau les fortifications à partir de 1538. L’enceinte de la ville est modernisée et le château redevient une forteresse abritant une garnison.

Pour protéger l’accès à la ville, deux forts sont construits sur les hauteurs proches. Au nord, sur les hauteurs du pla de las Fourques, le fort Sainte-Thérèse. Un peu au sud, le fort de Saint-Elme, devenu obsolète face aux progrès de l’artillerie est reconstruit.

Château du Miradou et sur la colline au loin, le fort Saint-Elme

En 1642, les armées de Louis XIII débarquent sur la plage de l’Ouille. Elles prennent le fort Sainte-Thérèse puis le château Royal. La ville se rend. Le Roussillon et Collioure deviennent définitivement Français avec le traité des Pyrénées en 1659.

Fort Saint-Elme

Au 18eme siècle, les défenses de la ville sont à nouveau renforcées au. La protection du fort du Miradou est améliorée par la construction du fort Carré et du fort Rond entre 1725 et 1770. La redoute Carré est équipée de 13 canonnières et de 5 canons. Les murs sont percés de meurtrières pour des mousquets. La garnison loge sur place et possède son propre magasin et ces propres réserves d’eau. L’entrée est assurée par un pont levis. Le fort Rond appelé également fort de l’Etoile est construit dans le prolongement du fort Carré. Il comporte divers postes de tir et peut recevoir jusqu’à 7 canons. Les deux positions sont reliées au fort Miradou par un chemin couvert.

Le fort Carré

En 1793, la ville est occupée par les troupes espagnoles puis reprise en 1794 par le général Dugommier après des combats très durs. Pris sous les feux de l’armée française et endommagé, le fort St-Elme est rénové. Il est transformé en magasin militaire et prend le nom de Fort du Rocher.

Entrée du fort Carré

La redoute Dugommier est construite entre 1813 et 1834 pour protéger le fort de Saint-Elme des attaques terrestres. Initialement construite en terre, elle est reconstruite en maçonnerie entre 1848 et 1851.

Chemin couvert sous le fort carré
En 1865, l’apparition du canon à rayure révolutionne l’artillerie. Les canons deviennent plus puissants et plus précis. La guerre de 1870 contre la Prusse va démontrer La faiblesse des forteresses. Après la défaite qui fragilise la position française en Europe, il redevient nécessaire de protéger les frontières, notamment le Roussillon.
Fort Saint-Elme et redoute Dugommier

Le général Boulanger, alors ministre de la guerre, charge le général Henri Berge de créer un nouveau système défensif. Le général Séné de Rivières, nommé directeur du comité de fortification, lance dès 1874, un vaste programme construction de nouvelles fortifications. Leurs principales caractéristiques sont d’être semi-enterrées et recouverte d’une épaisse couche de terre. Elles se couvrent mutuellement et sont éloignées des sites à protéger grâce à l’augmentation de la portée des canons.

Casernement
Dans le Roussillon, le système défensif est réalisé entre 1883 et 1886. Il a pour objectif de protéger Port-Vendres dont le port est devenu militaire en 1846, l’usine de dynamite de Paulille, construite pendant la guerre contre la Prusse et la route et le chemin de fer reliant la France à l’Espagne. Diverses batteries d’artilleries sont construites au-dessus de Collioure. Elles sont reliées entre elles par la construction d’une route stratégique, dite « route des Crêtes » qui dessert également le fort Dugommier et Port-Vendres. 

Batterie d'artillerie de la Galline

La batterie d’artillerie de la Galline est située à une altitude de 500 m au-dessus du village de Cosprons et un peu au sud du col de la Serra. Elle contrôle la voie ferrée et la route reliant Banyuls à Port-Vendres. Son armement se compose de 4 canons. Sa garnison est de 70 hommes. La défense extérieure de la fortification est assurée par des bastionnets.

Entrée de la batterie de la Galline

Plus haut dans la montagne, sur l’arête de Madeloc et au sud du col de la Serra  se trouve la batterie de Taillefer qui contrôle la vallée de Ravaner. Plus petite que la batterie de la Galline, son armement est composé à sa construction de 2 pièces de 7 livres  modèle 1873 et de 2 pièces de 12 livres. A une centaine de mètres au sud-est, et plus bas, se trouve le casernement dit « de droite » ou de Taillefer.

Tour Madeloc vue de la batterie Taillefer
Plus au sud, la tour Madeloc est restaurée afin d’en faire un site de surveillance, A proximité, deux redoutes appelées Madeloc Nord et Madeloc Sud sont construites entre 1885 et 1886. L’armement de ces deux sites est de 8 pièces de 4 livres modèle 1858 de campagne. Environ 500 m au nord-est, et plus bas, se trouve le casernement du Centre sur la route des crêtes.


Batterie des 500

La batterie des 500, quant à elle, est située un peu plus au sud, et au-dessus du col des Gascons à une altitude d’environ 500 m. Elle contrôle le col de Banyuls. Elle est construite entre 1885 et 1886 à flanc de montagne et sur une zone assez tourmentée. Elle abrite 2 pièces d’artillerie de 7 livres et 1 pièce de 12 livres. Sa défense est assurée par une escarpe demi-détachée et de deux bastionnées. A l’intérieur, divers bâtiment pour le logement de la troupe et le magasin de poudre. A 300 m au NNO se trouvée le casernement de Gauche.

Situés au sud du col des gascons sont construits en 1888 l’épaulement des Gascons Nord et des Gascons Sud. Ils sont armés de 5 pièces d’artilleries de campagne.

Dès 1884, l’apparition de l’obus à mélinite et de l’obus torpille rendent ces fortifications obsolètes et vulnérables. Elles vont être peu à peu abandonnées. La génération de fortification suivante sera bétonnée et enterrées.

Le château Royal est rayé du tableau des places de guerre en 1922 et classé au titre des monuments historiques la même année. Il est transformé en prison en mars 1939 pour servir de camp disciplinaire aux réfugiés Républicains de la Retirada. A Collioure, d’autres bâtiments comme le bâtiment de l’artillerie et les vestiges des remparts sont classés monuments historiques en 1927. Le fort du Miradou est toujours propriété de l’armée. Il abrite le Centre National d’Entrainement Commando.

Le fort St-Elme est démilitarisé en 1903. Il est classé monument historique en 1927. Il et ensuite restauré. De 1942 à 1944, il est occupé par le Kriegsmarine. Puis dynamité en partie à leur départ. Il est à nouveau restauré dans les années 1950 et en 2004.

Les autres forts sont laissés à l’abandon peu à peu. Les batteries des Gascons Nord et Sud sont détruits, peu de vestiges sont visibles. Également détruit en partie, le fort Dugommier est en cours de restauration.

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