La montagne de Larla, dont le sommet culmine à 700 m est
située au Pays-Basque dans la province de la Basse-Navarre, au-dessus du
village de Saint-Martin d’Arrossa.
Elle renferme un filon de minerai de fer qui s’étend sur une
distance de 3.5 km depuis le ravin de Larraburu au sud-ouest jusqu’à Pikasari
au nord-ouest. La minéralisation comprend de la sidérite qui est majoritaire et
de la goethite. Le filon atteint localement 15 m de puissance.
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Vu du massif de Larla vers Bidarray |
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C’est à l’Age du Fer, aux 2eme et 3eme
siècles av. J.-C qu’est découvert le filon de minerai de fer de Larla. Les tous
premiers travaux d’exploitation sont menés en surface pour exploiter les
parties les plus riches du filon, composées essentiellement de Goethite
(hydroxyde de fer – FeO-OH). Des fosses et des tranchées, vestiges de ces
premières mines sont encore visibles au sommet de Larla ainsi que sous les
crêtes de son versant oriental, jusqu’à Ohetako borda. Plus tard, au cours des
premiers siècles de notre ère, des galeries souterraines, parmi lesquelles
celle de Pikasarari furent creusées.
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Stériles des anciennes mines sur le flanc nord-ouest de la montagne de Larla |
A la même
époque, de nombreux ateliers métallurgiques s’installent aux abords des travaux
miniers. On estime que plus de 2 000 tonnes de fer furent produites sur le
site à la fin de l’Âge du Fer et à l’époque gallo-romaine.
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Traces de minéralisations anciennes sous la montagne de larla (700 m) |
Au cours de la Renaissance, entre 1610 et 1785, au 19eme
siècle et au début de 20eme siècle l’exploitation du filon de Larla
se poursuit. Les techniques évoluent peu à peu, l’activité s’organise et
s’intensifie autour de la mine dite d’Ustelegi dans le ravin de Larraburu (en
contrebas du chemin de randonnée. Le minerai extrait sert alors à alimenter les
diverses forges et hauts fourneaux de la vallée, par exemple celui de Banca.
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Sentier ses mines dans le ravin de Larraburu (flanc sud-ouest du massif). En contrebas, se trouvaient les mines des 19e et 20e siècles. |
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Entre 1893 et 1899, huit galeries de recherche sont creusées
sur le versant est du massif, à la base de la minéralisation de sidérite. La
majorité de ces travaux est infructueuse. Les travers-bancs recoupant des
travaux anciens, se heurtent à l’absence de minéralisation ou à une
minéralisation trop pauvre. Seuls trois d’entre eux (X6, X7 et X8) vont
permettre l’exploitation de la mine, de 1906 à 1914
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Minéralisation et entrée de la mine TBX9 sur le flanc est de la montagne. Le téléphérique qui permettait l'évacuation du minerai a disparu |
Les méthodes d’exploitation se rationalisent. Le filon est
tout d’abord reconnu en profondeur et son extension par le biais de traçages analysé.
Les secteurs minéralisés sont ensuite abattus. La circulation se fait par les
puis de recherche. Des stots, c’est-à-dire des volumes de minerai laissés en
place, sont préservés à la base des chantiers pour protéger les voies de
circulation.
Le filon de Sidérite est exploité par la méthode des
chambres magasins : trois niveaux horizontaux sont tracés, débouchant en
surface vers les installations de transport, puis une série de cheminées
verticales est percée au plafond de ces galeries. Les zones circonscrites par
les galeries et les cheminées sont ensuite abattues en remontant ; les
mineurs travaillant debout, sur le minerai abattu. Lorsque le volume de minerai
stocké dans la chambre est assez important, il est évacué par le biais d’une
trémie ouverte à la base de la chambre.
Ces travaux menés en roche dure ont systématiquement utilisés
de la dynamite. Les tirs étaient réalisés à l’aide de la perforation manuelle,
du tirage à mèche ou électrique. La perforation pneumatique fut utilisée lors
des travaux de recherche dans le travers-banc X9.
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Plan du transport du minerai entre la gare d'arrivée du téléphérique et l'usine de Pikasari |
En 1906, d’importants aménagements sont effectués pour
faciliter l’évacuation, le traitement et le transport du minerai de fer. Le
minerai extrait était transporté par un
câble aérien long de 1.8 km jusqu’à la tête d’une voie de roulage
aménagée sur le flanc est de Larla (alt 444 m).
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Plan détaillé de la garde d'arrivée du téléphérique |
Aucun vestige du câble n’est conservé mais les bâtiments et
les infrastructures de la station d’arrivée de câble sont encore bien
visibles :
- Un grand bâtiment rectangulaire (15 m * 6
m), en pierre de grès cimentés est conservé sur 3 m de hauteur.
- Un bâtiment carré (3 m * 3 m) en pierres
maçonnées est conservé sur toute sa hauteur. Les nombreuses attaches de
fixation de panneaux électriques encore en place sur les murs indiquent qu’il
s’agit du poste électrique de la machinerie du câble aérien.
- De nombreuses installations au sol
(grosses vis de fixation, dalles de béton, petit escalier…) et un mur adossé au
versant qui présente encore les logements des poutres qui formaient la
charpente de la machinerie du câble.
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Ruines de la station d'arrivée du téléphérique |
- Une trémie construite en pierres de grès
taillées ouvrant sur une voie de roulage. Elle est composée d’un réservoir à
minerai, d’une série de 5 cloisons distantes de 5 m et de seize ouvertures vers
la voie, disposée régulièrement tous les 1.5 à 2 m. Une trappe maintenue par
deux grosses vis permettait de contrôler la sortie du minerai lors du
chargement des wagonnets.
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Trémies de la station d'arrivée du téléphérique |
La voie de roulage (cote 444) se développait quasiment à
l’horizontale sur 750 m de long et était posée sur un chemin de 3 à 6 m de
large. Les wagonnets étaient tractés par des mulets. Si cette a été démontée en
intégralité, le chemin sur lequel elle s’appuyait est en revanche en excellent
état de conservation.
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Ruines de la dynamitière sur la voie de roulage |
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Au bout de la voie de roulage se trouvait un grand plan
incliné qui permettait wagonnets chargés de regagner l’usine de Pikasari 320 m).
Une technique de décarbonatation permettait d’obtenir un minerai contenant 54%
de fer. Le carbonate grillé était ensuite expédié jusqu’à la gare ferroviaire
de St-martin d’Arrossa, par me biais d’un second téléphérique. Il était
acheminé vers les hauts fourneaux de boucau (Landes), Fumel (Lot et Garonne) et Pauillac (Gironde).
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Entrée de la mine TBX6 |
Lors de cette
dernière période d’activité, 250 000 tonnes de minerai sont extraites des mines
de Larla. L’année 1914 marque la fin de l’exploitation du filon.
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Intérieur de la mine TBX6 |
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Deux circuits de randonnées permettent de découvrir le site
minier. Le plus intéressant est le sentier des mineurs. Long de 9.5 km pour 550
m de dénivellation, il fait le tour de la montagne de Larla en passant par les
anciens sites miniers, les ateliers métallurgiques de l’époque Romaine, les
entrées de galeries moderne, la station d’arrivée du téléphérique et la voie de
roulage. Tout au long du chemin, divers panneaux informatifs permettent de
comprendre l’histoire des mines. Ce texte est issu de leur lecture.
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Paysage vers St-Martin d'Arossa avec au loin le sommet de . Au pied la montagne se trouvait l'usine de Pikasari |
Le départ se situe 2 km au-dessus du village d’Arrossa (alt.
314 m). Depuis le fronton de ce village, prendre la route en direction de
Satali. Monter jusqu’au plateau Ondala. Un parking permet de garer la voiture.
Compter 3 heures de marche environ pour faire le tour de la montagne.
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Description du sentier des Mineurs |