Les mines de plomb argentifère et de zinc d’Aulus-les-Bains, situées dans la vallée du Garbet (Ariège), constituent l’un des plus remarquables ensembles miniers médiévaux des Pyrénées. Leur histoire se déploie sur près de sept siècles, entre exploitation, abandon et redécouvertes successives.
Cet ensemble se compose de plusieurs sites :
La mine des Argentières est située sur le plateau de Coumebière à l’est d’Aulus-les-Bains,
La mine de Laquorre domine également le plateau de Coumebière à l'est d'Aulus-les-bains.
La mine de Raspes est située au sud d’Aulus-les-Bains, et sur le flanc est de la montagne qui domine le sentier du GR10 menant à la cascade d’Ars,
La mine de Castel-Minier est située juste au-dessus d’Aulus, sur la rive gauche du Garbet à environ 1050 m d'altitude.
Origines des mines.
![]() |
| Site de la mine de Laquorre recouvert par la végétation |
Le territoire d’Aulus, est déjà occupé à l’époque gallo-romaine. Toutefois, malgré les croyances locales, aucune preuve archéologique ne confirme une exploitation antique. Ces mines et les ruines de Castel-Minier, appartiennent en réalité à la période médiévale.
Le XIVeme siècle : l’âge d’or.
![]() |
| Site de la mine des Argentières |
L’apogée des mines d’Aulus se situe
entre 1320 et 1340. Elles appartiennent alors au vicomte de
Couserans, Roger de Comminges. Selon des écrits, elles mobilisent
“mille personnes”, chiffre montrant une activité considérable à
l’époque bien que tous ces ouvriers ne travaillaient pas de
manière permanente à la mine et qu’ils comprenait les métiers
annexes au fonctionnement de la mine. Le "Maître des Mines du
Roi", Paul Girardi, mentionne qu’elles rapportaient jusqu’à
30 000 livres tournois par an, soit environ 1,2 tonne d’argent.
Une
querelle éclate lorsque le vicomte tente d’imposer un droit de
seigneuriage sur la production : les mineurs se plaignent au roi de
France, et la justice royale confisque les revenus pendant plusieurs
années.
![]() |
| Entrée de la galerie de la mine des Argentières |
L’exploitation s’interrompt vers 1330, probablement à cause d’un conflit entre le Couserans et la province Catalane du Pallars, Un raid Catalan aurait détruit les installations.
![]() |
| Mine des Argentières |
Les vestiges médiévaux.
Les fouilles montrent que la mine de Castel-Minier fut exploitée par puits et galeries d’exhaure, ouvertes “au feu et à la pointerolle”. Les mineurs médiévaux utilisaient des meules pour broyer le minerai avant la fonte. On estime qu’environ 40 tonnes d’argent furent extraites de la rive droite du Garbet au moyen age sur les sites der Raspes et de Castel-Minier.
![]() |
| Entrée de galerie sure le site de Castel-Minier |
Le XVIIeme siècle : Redécouverte du site par Jean de Malus.
Après deux siècles d’oubli, Henri IV
envoie en 1600 le maître de la monnaie de Bordeaux, Jean de Malus,
pour inspecter les anciennes mines. Il découvre les ruines de
Castel-Minier : une tour fortifiée, des fonderies, 87 meules, des
puits et galeries impressionnantes. Malus attribue ces vestiges aux
Romains et appelle le site "les mines royales d’Aulus".
Son récit, publié en 1601, nourrit la légende d’une origine
antique, encore reprise au XIXeme siècle.
Son
témoignage prouve qu’aucune reprise d’exploitation n’avait eu
lieu depuis le XIVeme siècle.
![]() |
| Site de Castel-Minier |
Le XVIIIeme siècle : Tentatives de relance.
À partir de 1770, le seigneur d’Ercé fait connaître les mines d’Aulus à des investisseurs parisiens. En 1773, le valet de chambre du roi, M. de Chamilly, obtient une concession. Les travaux reprennent sous la direction du marquis de Villepinte, qui engage mineurs et métallurgistes. En 1783, plusieurs tonnes de minerai sont prêtes à fondre, mais les résultats économiques déçoivent et l’exploitation cesse peu après. Le mémoire de De Dietrich (1786) dresse alors la première cartographie minière des secteurs de Castel-Minier, Argentière, et Laquorre. Le secteur des Raspes, abandonné au moyen-age est déjà oubliées.
![]() |
| Reste de bâtiment sur le site de Castel-Minier |
Le XIXeme siècle : Renouveau industriel.
La loi de 1810 sur les mines et la demande croissante de plomb et de zinc relancent les recherches. Après de multiples candidatures, la concession d’Aulus est accordée en 1835 à Lecour. Quelques prospections qui emploient quelques ouvriers sont effectués aux Argentières et à Laquorre sans grand résultats.
Oscar de Bardies relance l’exploitation vers 1857 : il installe un bocard à Oust et ouvre les galeries dans le site des Argentières et de Laquorre ou un affleurement de blende a été découvert en 1858, Les résultats sont semble t-il médiocres et cessent après quelques années d’exploitation,
La concession passe dans les mains de Charle Laurent en 1863, De 1864 à 1866, il fait exploiter un ancien travers bancs d'exhaure à Castel-Minier. Le site est ensuite à nouveau abandonné.
![]() |
| Ancienne galerie ou passage pour mineurs sur le site de Castel-Minier |
Gustave Vieira et la Vieille Montagne.
En 1870, l’ingénieur des Mines Gustave Vieira reprend les deux concessions pour le compte de l’Union Métallurgique, puis à titre personnel. Il modernise l’exploitation et reconnaît les anciens ouvrages médiévaux. À la fin du XIXeme siècle, la Société de la Vieille Montagne rachète le site et extrait la blende laissée par les mineurs médiévaux. Ces travaux se poursuivent jusqu’au début du XXeme siècle, notamment à la mine des Raspes.
En 1873, le bocard 'Oust est vendu. La concession d'Aulus passe dans les mains de Jules Despêcher en 1875 puis dans celles de banquiers suite à des problèmes juridiques et de créances.
![]() |
| Entrée de galerie sur le site de Castel-Minier |
Le XXeme siècle et l’héritage archéologique.
Quelques travaux d’exploitation du minerai de plomb et de zinc délaissé au moyen age sont entrepris en 1920 avant un arrêt définitif des travaux.
Les vestiges, puits, meules, fours, scories, ruines du Castel-Minier, demeurent en place et sont en partie encore visibles de nos jours.
Sur le site de Castel-Minier, autour des zones d’extraction, se trouvent les ateliers de préparation du minerai et une fonderie de plomb et d’argent. Sur la rive opposée, les fouilles ont permis de mettre en évidence l’existence d'un village avec son église, une tour ainsi que des habitations.
La production totale d’argent est estimée à 40 tonnes.
Références
Les mines de plomb argentifère et zinc d'Aulus-les-Bains. Claude Dubois in Archéologie du Midi Médiéval. Tome 17, 1999, pp. 187-211











Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire