Les mines de Bentaillou sont situées au dessus
de la vallée d’Eylie, au pied du pic de l’Har et de Serre-Haute dans le Biros.
L’ensemble des mines du secteur ont compté parmi les premières mines de plomb
de France à leur apogée.
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Site des Mines de Bentaillou vu du pic de Serre-Haute |
C’est en 1839 qu’eurent lieu les premières
fouilles, qui aboutirent un an plus tard à une série de cartes signalant à peu
près tous les gisements connus aujourd’hui. Elles aboutissent à la
création de la concession de Sentein et St-Lary en 1848.
Après de nombreuses rivalités et lenteurs
administratives, les premiers travaux d’exploitation commencent, en 1853, sous
la direction d’une société exploitante à capitaux bordelais. On extrait alors sur
le site minier de Chichoix (2080 m), de la blende (zinc) et de la galène (plomb
et argent).
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Montée à Bentaillou par le GR10 |
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Le village des Mineurs de Bentaillou |
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Le village des Mineurs de Bentaillou |
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Le village des mineurs à Bentaillou avec la piste qui descend à la laverie du cirque de la Plagne |
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Ruines de la laverie de la Plagne |
Un village est construit vers 2 000 m
d’altitude, puis une piste de 12 km de long qui le relie au cirque de La Plagne
et enfin une laverie pour le minerai : c’est le Bocard d’Eylie.
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Site du Bocard d'Eylie |
En 1858, apparaissent déjà les premiers
conflits sociaux. Des accidents à répétition et une mauvaise nourriture
entraînent des mouvements collectifs, et les ouvriers délaissent en masse leur
poste de travail.En 1861, bien que le conflit social soit
réglé, des difficultés économiques entraînent la mise en arrêt de l’activité
des mines. Les ouvriers se retrouvent en masse au chômage.
En 1862, la société Kaulek, rachète les mines
et les réouvre. Les activités reprennent avec un nouveau système pour descendre
le minerai : un plan incliné hydraulique traverse le fond du cirque de La
Plagne, avec un bassin de réception à l’arrivée. Peu de temps après, un petit
train est installé entre ce bassin et le Bocard d’Eylie.
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Gare d'arrivée du câble, au dessus du Bocard d'Eylie |
Le 15 août 1870, la défaite contre la Prusse,
la crise politique et la rupture des communications avec le Nord entraînent une
nouvelle fermeture des mines ; pendant huit ans, le Bentaillou ne fonctionnera
pratiquement plus
En 1878, les mines sont vendues à une société
anglaise et deviennent Sentein Mining Company Limited. L’exploitation reprend. Les
nouveaux patrons imposent une réglementation stricte, parfois à contre-courant
des traditions paysannes. Le travail à la journée est remplacé par une embauche
mensuelle, et les absences pour travaux agricoles ne sont possibles que sur
autorisation.
Les horaires vont de 6 heures à 18 heures pour
l’équipe de jour et inversement pour l’équipe de nuit. Pendant ces douze heures
de travail, seule une heure trente est octroyée pour le repas et le repos.
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Echangeur de Rouge |
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Pylones à proximité de l'échangeur de Rouge |
1900, l’entrée dans le 20eme siècle
est marquée par la modernisation des moyens descente du minerai. L’ancien câble
est remplacé par un câble continu, qui relie directement le site
d’extraction à la laverie du Bocard. Quarante pylônes en bois sont nécessaires
pour soutenir ce câble, qui transporte 36 wagonnets. En 1901, c’est la galerie
Narbonne-Lara (1930 m) qui est ouverte.
En 1904, un nouveau câble, dit « monocâble Etcheverry », sur
la ligne Bocard-Rouge-Bentaillou, remplace le précédent. Il est cette fois-ci
soutenu cette fois-ci par des pylônes métalliques, dont le nombre est réduit de
moitié. Une partie de ces pylônes est encore visible aujourd’hui.
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Site de la galerie Narbonne |
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Galerie Narbonne |
En 1904, environ 400 ouvriers travaillent aux
mines de Sentein
et touchent un salaire quotidien équivalent à 45 euros d’aujourd’hui.
500 personnes y travaillent dans
le plein essor (1907).
En 1908, la société est en liquidation et remplacée par le Syndicat minier de Sentein. Mais, quatre ans plus tard, il est lui aussi en cessation de paiements, et remplacé par la Société françaises des mines de Sentein, qui restera propriétaire de la concession jusqu’en 1990.
La technique de perforation à
l'air comprimé débute en 1912.
Avec la guerre en 1914, la production de
minerai augmente autant que le prix de vente. Pour compenser le départ des
hommes, qui vont rejoindre les armées du Nord, on fait appel à des étrangers
(Espagnols, Italiens) et les femmes travaillent davantage au lavage.
Entre 1921 et 1923, des mouvements partiels de
grève ont lieu, et, en 1924, un syndicat est fondé. Une grève aboutit à une
hausse des salaires après deux mois d’arrêt des activités
En 1926, un très long conflit, à l’appel de la
CGTU, qui veut un combat exemplaire, paralyse l’exploitation pendant cinq mois.
L’activité reprendra sans les meneurs, et sans hausse des salaires, mais les
ouvriers n’ont plus le choix, le travail à la mine est indispensable pour
nourrir leurs familles, et la faim aura raison du combat syndical…
En 1925, de nouvelles fouilles sont
entreprises, sans résultat, tout comme en 1933, où là aussi le projet avorte,
et on croit de moins en moins aux promesses d’un prétendu filon.
En 1927, le cours du plomb et du zinc baisse, et à l’automne la société cesse ses activités d’extraction, pas fâchée de rompre les rapports professionnels avec une population guère docile…
En 1927, le cours du plomb et du zinc baisse, et à l’automne la société cesse ses activités d’extraction, pas fâchée de rompre les rapports professionnels avec une population guère docile…
De 1929 à 1935 la galerie St-Jean à Bentaillou (1860 m) est
exploitée.
Par chance à cette époque, le chantier du barrage d'Araing a
besoin de main d'oeuvre et beaucoup d'ouvriers y retrouvent du travail
En 1941, alors que la Seconde Guerre mondiale bat son plein, les
besoins en plomb et en zinc entraînent la réouverture des mines par l’Union
minière des Pyrénées (UMP). Une grande cérémonie est organisée, sous les
drapeaux tricolores, et le regard emblématique de Pétain, dont le portrait est
fixé sur les murs de la laverie du Bocard.
En 1947 c’est au tour de la
galerie de La Rouge (1650 m) d’être exploitée. Les bâtiments de la mine de
Rouge ont été construits en 1950 pour exploiter la partie basse du filon. Ce sera le dernier
souffle de cette grande industrie. En effet, une fois la guerre terminée, une
nouvelle chute des cours du plomb et du zinc va plonger le Biros dans une
nouvelle phase difficile.
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Site de Rouge |
L’UMP ferme les mines du Bentaillou en 1955, ne procédant qu’à des recherches qui seront définitivement abandonnées en 1957, et le site, complètement délaissé. Deux tentatives de réouverture en 1963 et 1973, avec l’aide de l’état, se soldent par des échecs.
Le site est laissé tel quel, à l’abandon.
Le 27 septembre 2002 les services de la Drire (direction
régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement) font condamner
une vingtaine d’entrées menant dans le réseau souterrain des mines de
Bentaillou. Certains accès ont été bloqués par des murs en béton ; les
autres par des éboulis provoqués artificiellement. Il reste toutefois possible
pour les archéologues de visiter les mines, grâce à des passages spécialement
aménagés.
superbe toutes ces photos et ces commentaires qui font vivre ce fond de vallée, un grand merci.
RépondreSupprimersuperbe galerie de photos oui m'ànt rappelé mon aventure personnelle.dans les années 60 un ami ingénieur géologue me fait découvrir sur ma propriété de famille suu la commune de montbolo PO un filon de blende et galène.travaux effectués puits de 20 mètres galerie dans le minerai de 100 mètres environ suffisants pour interresser dans unpremier temps la Vielle Montagne dans un deuxième temps Rio Tinto Zinc.Une belle aventure !!
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