samedi 26 mars 2016

Mine Victoria



La mine Victoria est située dans les montagnes du nord d’Arres, près de Bossost dans le val d’Aran. Elle fut la mine de zinc et de plomb la plus importante de la vallée. L’exploitation commença en 1907.
Casa deth Capatas

A cette époque, la concession appartenait à un conglomérat composé des « mines de zinc de Bossost », et des « mines nouvelles du val d’Aran ». Elle passa aux mains de la « société des mines Victoria  » en 1910. Le minerai extrait des filons était descendu à Bossost par un câble. 
Casa deth Capatas

En 1912, la mine produisait 80 tonnes de minerai brut par jour et employait de 100 à 150 personnes. A cette époque, la laverie de Bossost commença à traiter le minerai extrait par la mine. En 1912 un câble de type « Etchevarry » de 2600 m de long et d’une capacité de 10 tonnes/heures remplaça le vieux téléphérique.
Entrée de la galerie Sacosta
La mine cessa son activité pendant la Guerre Civile (1936-1939). L’exploitation recommença en 1949, après que les installations eussent été modernisées, Elle ferma par manque de rentabilité et de main d’œuvre en 1953. Une tentative de réouverture effectuée par la société SM Peñarroya échoue. Les activités du site cessent définitivement en 1959.
Wagonnet devant la salle des Machines


Une visite guidée, comprenant la visite des galeries est proposée l’été. Le reste de la saison, selon l’enneigement, il est possible de découvrir le site. Pour se rendre au point de départ, prendre la route de Vilamos puis Arres de Sos. A partir de ce village on peut monter au parking de la Bassa d’Arres, 2.5 km après le village. La route n’est pas goudronnée et son état dépend des années. On peut laisser la voiture au village sinon. Compter deux ou trois heures pour la visite guidée.

mercredi 23 mars 2016

Mines du Liat



Les mines du Liat sont situées dans le val d’Aran, proche de la frontière Française à une altitude d’environ 2300 m. C’est le site minier le plus important du val d’Aran et peut être même des Pyrénées si l’on considère la surface prospectée.
Site des Mines du Liat vu du pic de Serre-Haute (2713 m)


Les premières exploitations de fer, de plomb et de zinc situées dans la zone de l’estany du Liat dateraient de 1740. L’activité ne commence vraiment qu’avec les besoins nés avec le début de l’ère industrielle, vers 1880. 
Bâtiments des mines avec pic de Maubermé au second plan
Cabane des mineurs

Entrée d'une galerie de mine
A cette époque, la concession est acquise par Societé des Mines et Fonderies de Zinc de la Vieille Montagne » dont le siège social est a Liège. Le minerai extrait était descendu jusqu'à Pontaut par des chars tirés par deux vaches. De là, après lavage et concassage, le minerai était acheminé en France par un tramway. 
Site des Mines du Liat vu de la proximité du pic de Pica Palomera
Il faut ce souvenir qu’à cette époque, le tunnel de Vielha n’existait pas et les possibilités de communication avec l’Espagne étaient très difficiles. Au cours du 20eme siècle, les mines vont être exploitées par la « société Française des mines du Val d’Aran », la « société des mines du Liat » qui vont créer un syndicat mixte minier qui sera vendu à la « société Française des mines de Sentein de Baguergue » en 1912
Entre 1906 et 1911 un chemin de fer et un mono-câble long de 4000 m est construit entre la mine et la concession minière du pla du Tor. Cette concession étant reliée elle même à la laverie d'Inola, située 500 m plus bas, par un câble de 1800 m de long.
Galeries de la Reparadora
Galeries de la Reparadora
En 1911 un mono-câble de type Etcheverry est construit. Il permet de descendre le minerai jusqu’à Pontaud, à 14 km des mines et 1600 m plus bas. Son débit, faible, est de 5 tonnes par heure.
Pylône de l'ancien câble
En 1919 la concession passe dans les mains de le « Société de recherche et d’exploitation minière du Val d’Aran ». La nouvelle structure va moderniser le câble pour lui donner une capacité de 10 tonnes de minerai à l’heure, la route de service et moderniser la laverie de Pontaud. 
Gare de départ du Minerai
Succession de pylônes à proximité de la gare du téléphérique




L’activité commence à diminuer dans les années 1920-1925. Les dernières mines sont abandonnées en 1929 par manque de rentabilité plutôt que par épuisement du site.



Le Peñarroya SMM, tentera de restaurer l'activité dans les années 1941 et 1966 mais en vain. Le site est a l’abandon depuis cette date. Ce cimetière de ferrailles rouillées a été baptisé par les habitants de la vallée « la préciosa pépita ». Les nombreuses galeries de mines qui enlaidissent la montagne attestent des nombreuses et vaines tentatives de trouver des filons rentables.
Des câbles à l'abandon donnent un sentiment étrange de désolation au visiteur
Au bilan, certains textes font état de 25000 tonnes de minerai de zinc descendus à la laverie de Ponthaut.

Transformateur électrique en ruine.

Le site des baraques des mineurs.

Le refuge du Liat avec la gare de départ du téléphérique à proximité.

L'immensité du plateau du Liat parsemé de galeries de mines peu exploitées

Une autre vue du refuge du Liat et de la station de départ du téléphérique
Une très belle et longue randonnée permet de visiter le site. Sur la route N 230, au niveau de Pontaud, entre le pont du Roi et Lès, prendre la route qui s'élève et passe à côté de la laverie en ruine (direction Canejan). Au croisement, ne pas prendre la direction du village mais continuer jusqu'au terminus de la rote, le refuge de Honeria. Le chemin des Mines est indiqué par les panneaux du GR211. Il y a deux sentiers balisés qui permettent de monter au mines. J'ai une préférence pour le sentier qui passe plus au sud et grimpe au coll de Guerri pour redescendre ensuite et retrouver le second sentier passant par les gorges d'Ermer qu'il est possible de prendre au retour. De la suivre le sentier qui part vers l'est, passe à proximité des premières galeries de mines et arrive au baraques des mineurs à proximité de l'estany de Pica Paloméra.
Attention, il s'agit d'une très longue randonnée avec presque 1500 m de montées et 3 heures 30 de marche pour arriver aux baraques. Compter également plus de 2 heures pour une visite du site minier et des multiples lacs de la région.


dimanche 20 mars 2016

Mines de Bentaillou


Les mines de Bentaillou sont situées au dessus de la vallée d’Eylie, au pied du pic de l’Har et de Serre-Haute dans le Biros. L’ensemble des mines du secteur ont compté parmi les premières mines de plomb de France à leur apogée.
Site des Mines de Bentaillou vu du pic de Serre-Haute


C’est en 1839 qu’eurent lieu les premières fouilles, qui aboutirent un an plus tard à une série de cartes signalant à peu près tous les gisements connus aujourd’hui. Elles aboutissent à la création de la concession de Sentein et St-Lary en 1848.
Montée à Bentaillou par le GR10

Le village des Mineurs de Bentaillou
 Après de nombreuses rivalités et lenteurs administratives, les premiers travaux d’exploitation commencent, en 1853, sous la direction d’une société exploitante à capitaux bordelais. On extrait alors sur le site minier de Chichoix (2080 m), de la blende (zinc) et de la galène (plomb et argent).
Le village des Mineurs de Bentaillou
 


Le village des mineurs à Bentaillou avec la piste qui descend à la laverie du cirque de la Plagne





Ruines de la laverie de la Plagne
 Un village est construit vers 2 000 m d’altitude, puis une piste de 12 km de long qui le relie au cirque de La Plagne et enfin une laverie pour le minerai : c’est le Bocard d’Eylie. 
Site du Bocard d'Eylie
En 1858, apparaissent déjà les premiers conflits sociaux. Des accidents à répétition et une mauvaise nourriture entraînent des mouvements collectifs, et les ouvriers délaissent en masse leur poste de travail.En 1861, bien que le conflit social soit réglé, des difficultés économiques entraînent la mise en arrêt de l’activité des mines. Les ouvriers se retrouvent en masse au chômage.

En 1862, la société Kaulek, rachète les mines et les réouvre. Les activités reprennent avec un nouveau système pour descendre le minerai : un plan incliné hydraulique traverse le fond du cirque de La Plagne, avec un bassin de réception à l’arrivée. Peu de temps après, un petit train est installé entre ce bassin et le Bocard d’Eylie.

Gare d'arrivée du câble, au dessus du Bocard d'Eylie
À partir de 1866, le plan incliné, peu efficace, va disparaître, au profit d’une machine plus moderne : le câble aérien. Pour permettre le transport du minerai, entre Bentaillou et l’usine de la Plagne, située à 3 km de distance et 900 m plus bas, le câble est divisé en cinq tronçons. A Bentaillou, le minerai était chargé puis, à chaque station intermédiaires au nombre de cinq, on déchargeait les bennes pour les recharger à l’étage inférieur. Chaque benne pouvait peser jusqu’à 600 kg. Chaque étage était muni d’un câble de 45 mm de diamètre et de 500 m de long qui tournait autour de deux roues de 1,70 m de diamètre. Au cirque de la Plagne, le minerai était déposé dans des chariots pour être acheminé au Bocard. 
Le 15 août 1870, la défaite contre la Prusse, la crise politique et la rupture des communications avec le Nord entraînent une nouvelle fermeture des mines ; pendant huit ans, le Bentaillou ne fonctionnera pratiquement plus
En 1878, les mines sont vendues à une société anglaise et deviennent Sentein Mining Company Limited. L’exploitation reprend. Les nouveaux patrons imposent une réglementation stricte, parfois à contre-courant des traditions paysannes. Le travail à la journée est remplacé par une embauche mensuelle, et les absences pour travaux agricoles ne sont possibles que sur autorisation.
Les horaires vont de 6 heures à 18 heures pour l’équipe de jour et inversement pour l’équipe de nuit. Pendant ces douze heures de travail, seule une heure trente est octroyée pour le repas et le repos.

Echangeur de Rouge

Pylones à proximité de l'échangeur de Rouge
1900, l’entrée dans le 20eme siècle est marquée par la modernisation des moyens descente du minerai. L’ancien câble est remplacé par un câble continu, qui relie directement le site d’extraction à la laverie du Bocard. Quarante pylônes en bois sont nécessaires pour soutenir ce câble, qui transporte 36 wagonnets. En 1901, c’est la galerie Narbonne-Lara (1930 m) qui est ouverte.
Site de la galerie Narbonne

Galerie Narbonne
 En 1904, un nouveau câble, dit « monocâble Etcheverry », sur la ligne Bocard-Rouge-Bentaillou, remplace le précédent. Il est cette fois-ci soutenu cette fois-ci par des pylônes métalliques, dont le nombre est réduit de moitié. Une partie de ces pylônes est encore visible aujourd’hui.

En 1904, environ 400 ouvriers travaillent aux mines de Sentein et touchent un salaire quotidien équivalent à 45 euros d’aujourd’hui.
500 personnes y travaillent dans le plein essor (1907).

En 1908, la société est en liquidation et remplacée par le Syndicat minier de Sentein. Mais, quatre ans plus tard, il est lui aussi en cessation de paiements, et remplacé par la Société françaises des mines de Sentein, qui restera propriétaire de la concession jusqu’en 1990. 

La technique de perforation à l'air comprimé débute en 1912.
Avec la guerre en 1914, la production de minerai augmente autant que le prix de vente. Pour compenser le départ des hommes, qui vont rejoindre les armées du Nord, on fait appel à des étrangers (Espagnols, Italiens) et les femmes travaillent davantage au lavage.
Entre 1921 et 1923, des mouvements partiels de grève ont lieu, et, en 1924, un syndicat est fondé. Une grève aboutit à une hausse des salaires après deux mois d’arrêt des activités
En 1926, un très long conflit, à l’appel de la CGTU, qui veut un combat exemplaire, paralyse l’exploitation pendant cinq mois. L’activité reprendra sans les meneurs, et sans hausse des salaires, mais les ouvriers n’ont plus le choix, le travail à la mine est indispensable pour nourrir leurs familles, et la faim aura raison du combat syndical…
En 1925, de nouvelles fouilles sont entreprises, sans résultat, tout comme en 1933, où là aussi le projet avorte, et on croit de moins en moins aux promesses d’un prétendu filon.
En 1927, le cours du plomb et du zinc baisse, et à l’automne la société cesse ses activités d’extraction, pas fâchée de rompre les rapports professionnels avec une population guère docile…
De 1929 à 1935 la galerie St-Jean à Bentaillou (1860 m) est exploitée.
Par chance à cette époque, le chantier du barrage d'Araing a besoin de main d'oeuvre et beaucoup d'ouvriers y retrouvent du travail

En 1941, alors que la Seconde Guerre mondiale bat son plein, les besoins en plomb et en zinc entraînent la réouverture des mines par l’Union minière des Pyrénées (UMP). Une grande cérémonie est organisée, sous les drapeaux tricolores, et le regard emblématique de Pétain, dont le portrait est fixé sur les murs de la laverie du Bocard.
En 1947 c’est au tour de la galerie de La Rouge (1650 m) d’être exploitée. Les bâtiments de la mine de Rouge ont été construits en 1950 pour exploiter la partie basse du filon. Ce sera le dernier souffle de cette grande industrie. En effet, une fois la guerre terminée, une nouvelle chute des cours du plomb et du zinc va plonger le Biros dans une nouvelle phase difficile.
Site de Rouge








L’UMP ferme les mines du Bentaillou en 1955, ne procédant qu’à des recherches qui seront définitivement abandonnées en 1957, et le site, complètement délaissé.
Deux tentatives de réouverture en 1963 et 1973, avec l’aide de l’état, se soldent par des échecs.
Le site est laissé tel quel, à l’abandon.


Galerie de prospecteur sur le chemin du Past
Le site de Bentaillou vu du début du sentier du Past
Le 27 septembre 2002 les services de la Drire (direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement) font condamner une vingtaine d’entrées menant dans le réseau souterrain des mines de Bentaillou. Certains accès ont été bloqués par des murs en béton ; les autres par des éboulis provoqués artificiellement. Il reste toutefois possible pour les archéologues de visiter les mines, grâce à des passages spécialement aménagés.